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mardi 26 mai 2009

Après l’horrible accident sur l’échangeur de Mossikro : Faut-il supprimer les gbakas ?


La question reste d’actualité après le énième horrible et grave accident de la circulation survenu samedi dernier sur l’autoroute du nord où un chauffeur de gbaka a sauté volontairement d’un pont, avec son engin et ses passagers. Ce chauffeur kamikaze s’est tué, avec lui deux autres passagers, sans compter les blessés graves. L`engin contenait 18 personnes au moment des faits. Le spectacle est horrible et intenable. Des passagers écrasés, défigurés, la chute du gbaka sur le bitume a été tellement violente qu’il faut craindre d’autres morts. Le bilan aurait pu être encore plus catastrophique et lourd si des véhicules passaient à cet endroit (surtout les camions poids lourds) au moment du plongeon de ce gbaka. Ce genre d’accidents est tellement récurrent qu’il faut s’interroger sur ses causes et proposer des solutions idoines pour mettre définitivement fin à cette hécatombe sur nos routes. Ou tout au moins limiter les dégâts.

Indiscipline, désordre, mauvaise éducation, moralité et permis douteux

S’il y a un secteur d’activités où le désordre et l’indiscipline règnent en maître, c’est celui du transport, singulièrement chez les chauffeurs de gbakas. La plupart très jeunes, insolents, n’ayant aucun respect pour leurs passagers, voyous et bagarreurs, analphabètes et consommant de l’alcool ou de la drogue, friands de vitesse, titulaires de permis de conduire douteux, exposent chaque jour des milliers d’Abidjanais à la mort. Ils s’en fichent éperdument si leurs pneus sont usés, si les freins ne fonctionnent pas. Les critiques et la colère des passagers, ils s’en moquent, c’est mal les connaître. Dans des tenues crasseuses, dégoûtantes, ils tiennent des propos discourtois à certains de leurs passagers. Impossible de les rappeler à l’ordre, de les ramener à la raison. Ils sont belliqueux, agressifs, violents, souvent ivres ou drogués. Ne nous étonnons pas et ne nous émouvons pas de ces graves accidents quand on a en réalité en face de nous des délinquants au volant.

De la responsabilité des forces de l’ordre

Les forces de l’ordre ne sont pas étrangères à l’indiscipline des chauffeurs de gbaka, source des accidents stupides et incompréhensibles qu’on voit sur nos routes. A force de leur soutien 500FCFA, 1000FCFA, ces chauffeurs n’ont plus de respect pour les corps habillés, à force de se compromettre pour des miettes, les forces de l’ordre ferment sciemment les yeux sur leurs nombreuses infractions au code de la route. Ils savent qu’ils roulent souvent sans permis, sans vignette, sans assurance, sans visite technique (ou avec des visites techniques frauduleuses), avec des pneus réchappés, des phares défectueux. Ils sont incapables de les sanctionner parce que «mouillés» jusqu’au cou. La vie des passagers importe peu pour eux, le racket ou rien, on s’en fout du serment prêté. Ils ont malheureusement, sans le savoir, la mort de nombreux concitoyens sur leur conscience à cause de leur goût trop prononcé pour l’argent facile.

La réorganisation du secteur s’impose

La Coordination nationale des gares routières, les différents syndicats des transporteurs doivent être au premier plan dans la sensibilisation de ces chauffards dont la formation syndicale fait énormément défaut et dont l’esprit de tricherie, de désordre et d’indiscipline est très actif.
Etre chauffeur de gbaka est un métier noble, on peut l’être sans être un délinquant, sans être un drogué, on peut l’être et respecter son prochain, sans faire ce qu’on veut (comme faire des dépassements interdits, appuyer sur l’accélérateur quand on veut, n’importe comment). On peut être chauffeur de gbaka, être analphabète sans être délinquant. La Coordination nationale des gares routières, les syndicats des transporteurs ont une grande responsabilité dans leur éducation. S’ils faillissent à leur mission l’Etat doit prendre ses responsabilités.

Si la Sotra pouvait mieux faire !

Les Abidjanais ont besoin de sécurité pour être transportés. Et c’est la SOTRA, pour le moment, qui peut répondre à leurs attentes de par la qualité de ses prestations. Les gbakas malheureusement ne sont plus un mal nécessaire mais le début du cauchemar des Ivoiriens. L’Etat doit financièrement soutenir cette entreprise dans l’accroissement de son parc automobile pour le bien des Abidjanais, pour mettre fin à l’anarchie. Toutes les initiatives visant à créer des sociétés de transport à Abidjan (avec des gbakas modernes, neufs et entretenus) doivent être soutenues. La plupart des mille kilos ont disparu d’eux-mêmes avec la conccurence loyale de la Sotra. Le transport urbain à Abidjan doit être de qualité. Les gbakas mourront d’eux-mêmes si d’autres sociétés offrent des services de qualité aux usagers du transport abidjanais. Tout est une question de volonté politique. Qui pour l`instant manque cruellement.


Charles Bédé


Source : abidjan.net

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