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lundi 8 septembre 2008

filère café cacao

Sur 179 recensés par l´ONG Transparency International, la Côte d´Ivoire est placée au 150ème rang des pays les plus corrompus au monde. Le Nigéria avec sa 147ème place fait mieux. Qui l´eût cru? Il est admis, à l´unanimité, qu´un pays corrompu n´a que peu ou pas de chance de se développer. Quelles que soient ses richesses! En clair, la corruption, contrairement à l´idée reçu, est une des causes majeures du sous-développement et non une conséquence. Donc on n´est pas corrompu parce qu´on est sous-développés , mais on est sous-développés parce qu´on est corrompu. Nuance! Le sujet incontournable donc dominant de l´actualité ivoirienne de ces dernières semaines est sans nul doute l´opération „mains propres“ visant à voir un peu plus clair dans la filière café-cacao. Parce qu´on est arrivés à un point où l´ivoirien n´y voit rien du tout. Il sait que ces circuits brassent des milliards, il sait aussi d´où viennent ces milliards mais le mystère pour lui demeure la destination de ces milliards.Mais d´abord un peu d´histoire; à l´origine il y avait la Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix des Produits Agricoles plus connue sous le non de Caistab. Le principe était simple et avait pour vocation de mettre les paysans à l´abri des fluctuations des prix des produits agricoles sur les marchés internationaux. Ainsi le paysan recevait un prix garanti qui était à son avantage au cas où les cours venaient à chuter. Officiellement cette structure était privée, du moins juridiquement, mais elle était fortement contrôlée par l´Etat. Et comme les cours grimpaient, le principal bénéficiairen´était rien d´autre que l´Etat lui-même. De l´indépendance à 1980, donc pendant 20 ans,la Caistab a réalisé un excédent après l´autre; une étude menée par le Ministère de la Coopération française en 1993 a même montré que les excédents accumulés auraient pu permettre de soutenir le prix garanti promis aux producteurs pendant treize campagnes. Sans trembler. Malgrél´effondrement des cours mondiaux. Au premier crash, le paysan s´est retrouvé avec des revenus amputés de moitié. Tout l´argent accumulé et supposé soutenir le prix garanti au paysan durant les années de vaches maigres, s´était volatilisé dans la nature.Quelqu´un, quelque part, tapi dans l´ombre, en avait pris note. En 2000, lorsqu´il accède au pouvoir, Laurent Gbagbo décide de démanteler ce machin surendetté et qui avait délaissé sa vocation.Quant au montant des fonds détournés et au préjudice subi par l’Etat, bien malin qui pourra le dire.Mais en Côte d´Ivoire, chacun a sa théorie. Le citoyen lambda ne va pas chercher midi à 14 heures: si Koné a 1000 francs de trop c´est que Tapé a 1000 francs de moins.C´est ainsi que, le Chef de l´Etat confie, en 2001-2002, à son premier ministre d´alors AffiN´Guessan, la tâche de restructurer, libéraliser le secteur (je dis bien secteur) agricole afin de lui conférer une plus grande lisibilité donc une plus grande transparence pour que le paysan ne soit plus la vache à lait de la Nation mais le véritable bénéficiare du fruit de son travail. Celui-ci devait prendre en main son propre destin. Le leitmotiv du Chef de l´Etat étant décentraliser, encore décentraliser et toujours décentraliser pour responsabiliser d´avantage, impliquer le paysan dans la gestion du pouvoir et utiliser de façon rationnelle les intelligences; seul moyen, selon lui, de briser les chaînes de la dépendance et d´ouvrir celui de l´épanouissement économique et social. Sept ans et sept jours plus tard, on peut se poser légitimement la question de savoir si Gbagbo n´a pas surestimé la capacité de certains responsables à comprendre cette vision qu´il a pour la Côte d´Ivoire et pour l´Afrique.C´est ainsi que plusieurs structures ont vu le jour pour remplacer le trou sans fond qu´était devenu cette caisse noire dont le seul bénéficiare était le PDCI. Mais très vite, ces structures (A.R.C.C., B.C.C., F.D. P.C.C., F.G.C.C., F.R.C.) ont repris à leur compte les vieilles habitudes de la défunte CAISTAB: missions de complaisance, enrichissement illicite, détournements, investissements fantaisistes avec au bout du compte l´aggravation de la misère paysanne… La panacée censée soulager le paysan-producteur est devenu le mal qui lui ronge les os et tue l´économie ivoirienne.
Un apercu de qui fait quoi:
A.R.C.C.(Placide Zoungrana) :Autorité de Régulation du Café Cacao Société d’Etat chargée de la régulation administrative L’ARCC va par exemple instruire les demandes d’agrément des exportateurs, fixer le prix d’achat bord champ en liaison avec la BCC Cette structure va être le gendarme de la filière en sanctionnant le non respect des procédures.
B.C.C.(Tapé Doh) Bourse Café Cacao Organisation de droit privé créée en août 2001 par les exportateurs et les producteurs, elle est chargée de la régulation commerciale du café et du cacao de Côte d’Ivoire.F.D. P.C.C.(Henri Amouzou) Fonds de Développement des Producteurs de Café Cacao Créé en août 2001, le FDPCC intervient sur la formation des responsables et gérants de coopératives, la distribution de produits phytosanitaires. Par ailleurs, le FDPCC pour être actionnaire majoritaire de différentes structures, intervient sur : La construction de puits avec la FOREXI, l’octroiement de prêts de commercialisation avec la BANQUE DES PRODUCTEURSF.G.C.C. (Jean Claude Bayou Bagnon ) Fonds de Garantie des Coopératives Café/Cacao Créé en décembre 2001, ce fond à pour mission de garantir les emprunts des coopératives dans le cadre des activités de commercialisation du café et du cacao.F.R.C.(Kili Angéline ) Fonds de Régulation et de Contrôle Il est chargé de la régulation financière, donc, tout simplement, d’effectuer un prélèvement de 40Fcfa par Kg de café et de cacao vendu, et la redistribution de cette somme à la BCC (5Fcfa/Kg), l’ARCC (5Fcfa/Kg) et le FDPCC (30Fcfa/Kg).Même si Gbagbo est Président d´un gouvernement où son propre parti est minoritaire, il est , aux yeux du paysan et, partant, des ivoiriens, celui sur qui repose entièrement la responsabilité de la réforme qui s´est avérée un fiasco. Dans pareilles conditions, il est de son devoir, et c´est ce qu´il a fait, de saisir la justice pour qu´elle ouvre une enquête dans la filière, qui entres autres définitions, signifie „Suite de personnes en rapport les unes avec les autres, servant d’intermédiaires à une activité (le plus souvent illicite). La filière de la drogue; remonter la filière.“C´est sûr, son acte ne lui vaudra pas que des amis. Mais ce qu´il faut retenir, c´est que, il n´est pas normal que le paysan ivoirien ne reçoive que 20 % du prix de ces exportations, alors que son homologue du Ghana en reçoit 72 %. Il est plus important de corriger cela que de protéger un groupe de personnes, fût-il d´amis.Il n´est pas normal que des ivoiriens crèvent la faim alors qued´autres se déplacent en Hummer, Porsche et autres voitures de luxe. L´état des routes, peu importe.la santé, l´éducation, la police, la gendarmerie, l´administration aucun espace de la vie n´échappe à la corruption ;tout est gangréné en Côte d´Ivoire.Des anormalités de ce genre ne se comptent pas. Toute chose décriée par tout le monde: de Mamadou Koulibaly aux partis d´opposition en passant par l´homme de la rue et le paysan lui-même. Tous voulait que le Président sorte de son mutisme, voire de sa léthargie. Quand il a estimé les conditions réunies, il a frappé. Tout comme il vient d´ordonner une procédure d´enquêtequi vise cette fois l´affaire des déchêts toxiques. Après, il faudra bien s y attendre, il voudra voir clair, l´ivoirien voudra voir clair dans un autre dossier, celui-là, ouvert par Guei et demeuré en suspens: le détournement de l’aide de l’Union européenne; il voudra voir clair, l´ivoirien voudra voir clair dans le secteur pétrolier, du diamant de l´or…. Vaste chantier en perspective. Pour l´allemandon ne peut dire d´une femme qu´elle est un peu enceinte; une femme est enceinte ou bien elle nel´est pas. Donc il n y a pas de raison qu´il nettoie ici et laisse la-bàs.C´était inscrit dans les tablettes. La dynamique du nettoyage a pris son envol et espérons que le Président a mesuré la profondeur de l’eau avant de plonger dedans.J´entends dire que le Président a sacrifié ses proches et ses amis sur l´autel de ses ambitions politiques(allusion à l´élection de novembre); des proches et des amis qui ont financé l´achat d´armes pour faire face à la rebellion au plus fort de la crise. Soyons clairs:
1.)cet argent, c´est celui des paysans donc de tous les ivoiriens et non de ses proches et amis comme on veut nous le faire croire. Ils ne l´ont pas sorti de leurs propres poches ; si tel est le cas, il va falloir leur demander d´où ils l´ont cet argent car 100 milliards ce ne sont pas 100.000 francs. Et puis 100 milliards ne représentent que le ¼ de l´argent détourné selon les estimations.
2.)n´importe quel PCA ou DG à leur place l´aurait fait; parce que si la rebellion avait pris le contrôle du pays, ils n´auraient pas eu l´occasion de réaliser leurs rêves: les grosses cylindrées, les châteaux et villas en Côte d´Ivoire et à travers le monde, collection de maîtresses; toutes choses que l´argent achète; donc ils l´ont fait en grande partie pour eux-mêmes et non pour Gbagbo ou la République.
3.)Mon proche ou mon ami, ce n´est pas celui qui me jette en pâture aux autres. Ce n´est pas celui qui vient verser de l´eau au moulin de ceux qui veulent ma peau. Mon proche ou mon ami c´est celui qui a conscience que chacun de ses actes a aussi une conséquence pour moi, pour mon image, pas celui qui jette le discrédit sur mon programme politique sur la base duquel les électeurs m´ont accordé leur confiance.Soit! Ils ont finacé l´achat d´armes et ils sont des proches ou amis du Président. Et alors? Est-ce un blanc-seing pour ruiner un pays? Est-ce une raison de se croire sortis de la cuisse de jupiter?
Conclusion: C´est évènement historique dans ce pays! Jamais de mémoire d´ivoirien, on a vu une opération d´une telle envergure; ni sous Houphouët, qui se contentait de punir les personnes indélicates en les nommant Ambassadeurs ou quelque part dans une organistation internationale, ni sous Bédié qui ne pouvait rien faire au risque de se faire écrouer lui-même ni sous Gueï qui avait essayé de combattre le racket des forces de l´ordre et la corruption (exemple aide UE partie en fumée) mais freinée par ses ambitions politiques démesurées। La classe politique ivoirienne,l´opinion internationale et le petit peuple , lui plus que tous tout le monde, saluent et encouragentl´opération „mains propres“। La classe politique ivoirienne , et c´est de bonne guerre, a quelques appréhensions quand elle pense aux élections en vue. Pour Gbagbo, l´enjeu doit être 17.000.000d´ivoiriens et non 6 ou 9 millions d´electeurs . Ainsi va la vie. On voit des calculs électoraux dans cette opération que tout le monde attendait pourtant de lui. Quoi qu´il fasse ou qu´il ne fasse pas,l´homme aura toujours tort. Il aura toujours tort de faire ce qu´on demande qu´il fasse et tort de ne pas faire ce qu´on lui demande de faire.Mais comme dit l´adage : pour la fourmi, la rosée est une inondation. Pour l´écrasante majorité des ivoiriens, cette opération est porteuse d´espoir: elle nous montre que la corruption et ses alliés (vols, détournements, enrichissement illicite, népotisme ….) ne sont pas une fatalité. La justice trouve elle aussi une belle occasion de se réhabiliter, de redorer son image ternie par sa passivité , son apathie et son incapacité à dire le droit, le vrai droit, pas le droit partisan. C´est le moins que les ivoiriens puissent attendre d´elle. Il y va de l´avenir des ivoiriennes et des ivoiriens qui ne demandent qu´à se réconcilier avec la politique et la justice pour jeter les bases d´une société nouvelle qui consacre la compétence, l´excellence et le mérite. elmaestro

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