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mercredi 5 novembre 2008

HADJ 2008 :L'INTEGRALITE DU DISCOURS DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO


Monsieur l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en Côte d’Ivoire ; Monsieur l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en Arabie Saoudite ; Monsieur le Président du Conseil Supérieur des Imans ; Monsieur le Président du Conseil National Islamique ; Messieurs les Imans ; Chers frères, chers sœurs, Nous sommes ici à une cérémonie à la fois laïque et religieuse. Laïque, parce que c’est à la Présidence de la République, entre le Président et ses concitoyens ; mais religieuse aussi pour vous dire au revoir, avant votre départ à la Mecque. Je voudrais vous dire au revoir ; que Dieu vous guide et que vous nous rameniez beaucoup de grâce. Je le souhaite sincèrement, parce que nous sommes en train de sortir de la crise. Je souhaite que vos prières nous amènent une fin de crise durable et sincère. Je souhaite que votre voyage soit bénéfique à la Côte d’Ivoire. Je suis heureux de vous recevoir. Mais, en même temps, mon devoir de Chef de l’Etat m’oblige à vous faire quelques recommandations. C’est pourquoi, ce matin quand j’ai vu l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite avec une délégation saoudienne, je lui ai demandé de venir, en vue de vous confier à l’Arabie Saoudite. Et lui demander de prendre soin de mes compatriotes qui arrivent en Terre Sainte. Je suis heureux qu’il soit venu. Vous allez dans un pays qui a ses lois, ses règles. Je vous dis ce que je n’ai de cesse de dire aux Ivoiriens qui voyagent. Vous allez dans les pays des gens, respectez leurs lois, leurs règles. Quand vous pensez à l’Arabie Saoudite, vous ne pensez même plus que c’est un pays ordinaire ; vous pensez seulement que c’est la Terre Sainte. C’est certes, la Terre Sainte, mais, c’est un pays avec lequel nous entretenons des relations diplomatiques. Si votre comportement à Djeddah, à Médine, est mauvais, cela aura une incidence sur les relations entre les deux pays. Je pense qu’il ne faut jamais oublier que vous êtes des Ivoiriens et que votre pays a des relations diplomatiques avec l’Arabie Saoudite. En 2005, le Hadj s’est mal passé. Il y a eu 200 pèlerins qui sont restés à Abidjan. Ils n’ont pas pu prendre l’avion. En 2006, c’était la totale ! Personne n’a bougé. C’était la catastrophe ! Il n y avait pas d’Ambassadeur d’Arabie Saoudite ici. Ils ne nous ont pas pris au sérieux. Mais, en 2007, quand on a bien organisé le pèlerinage, l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite est arrivé. Je veux dire par là que nous ne devons pas jeter l’anathème sur votre pèlerinage ; et vous ne devez pas compromettre les rapports diplomatiques entre nos deux pays. C’est parce que nous avons des bons rapports que vous pouvez aller tranquillement en pèlerinage. Avant que je ne sois Président de la République, la plupart des Ivoiriens allaient prendre le visa au Burkina-Faso, au Mali et au Sénégal. Parce qu’en Côte d’Ivoire, il n’y avait aucune mission diplomatique arabe. Aidez-nous à faire en sorte que ces Ambassadeurs restent en place. Vous êtes les principaux bénéficiaires, de même que la Côte d’Ivoire. Il faut donc que nous nous entraidions, et que vous ayez là-bas, un comportement honorable. Le deuxième point que je voulais soulever, c’est que le Cheick a parlé d’Office. Ce n’est pas la première fois. Si je tarde, c’est parce que je réfléchis. L’autre jour, j’ai dit dans une déclaration, que nous avons organisé une fois le Hadj et cela c’est bien passé. En 2008, je souhaite que cela se passe également très bien. Et si cela se passe bien, à votre retour, nous allons vous appeler pour vous rétrocéder le Hadj. Parce que notre rôle, ce n’est pas d’organiser le hadj. Nous devons veiller à ce que les autres religions ne nous critiquent pas. C’est en ce moment-là que nous allons parler et arrêter le problème de l’Office, afin que le Hadj continue d’être bien organisé comme les deux précédentes années. Donnez-nous encore un mois ou deux, pour étudier les conditions dans lesquelles cela va se passer. Je n’ai donc pas oublié l’Office qui est un problème important. Le Hadj est à vous. Mais, je ne veux pas vous le rétrocéder maintenant dans la précipitation. Attendons d’abord la fin de ce 2ème Hadj organisé par l’Etat, et on verra. Chers frères, chers sœurs, voici ce que je souhaitais dire. La 3ème remarque que je voudrais faire, c’est que normalement, j’avais projeté d’aller en tournée au Nord, à Odienné, Minignan, Madinani, Samatiguila, Touba… Je vois que vous partez à la Mecque. Je vais attendre votre retour avant d’y aller. Parce que, je ne peux pas demander aux musulmans d’avoir les yeux rivés sur la Mecque et de me recevoir par la même occasion. Ils ne peuvent pas se couper en deux, même si ce sont des hommes religieux, pour avoir une moitié à la Mecque et une moitié à Koro, à Odienné... Je vais donc suspendre mes voyages dans les zones musulmanes jusqu’à votre retour. Avant votre retour, je vais aller dans les autres régions qui ne sont pas islamisées. Pour ce qui vous concerne, pour ce qui concerne ces régions, je suspends ma tournée par respect pour la religion, par respect pour la foi. Parce que, je n’aimerais pas que quelqu’un vienne me rendre visite si je suis au village le jour de Pâques. Chez les «Bété», c’est le jour le plus important de l’année. Si tu as un étranger qui vient te voir, tu le prends et tu l’amènes à l’Eglise. Même s’il ne sait pas prier, il va prier ce jour-là ; ou bien il attend et il vient te voir le lundi de pâques. Donc, je suspends vraiment ma tournée dans les régions Nord jusqu’à la fin du pèlerinage. Mais, je vous demande aussi, c’est cela ma dernière recommandation, de faire en sorte que le jour de ‘’Arafat‘’, vous soyez sur les lieux. Ce que nous voulons, ce n’est pas d’avoir des demi- religieux. Ceux qui s’en vont se promener, on les connaît. Il y en a qui s’en vont, ils sont à Dubaï, à Doha, à côté, et quand le Hadj est fini, ils attendent le retour des autres et ils reviennent avec eux. Non, vous êtes des citoyens libres, donc vous pouvez aller vous promener. Vous pouvez aller en voyage, mais si vous allez à la Mecque , le jour de ‘’Arafat’’, on va sus le pendre les départs des avions vers Djeddah. Le jour d’Arafat, celui qui n’est pas là-bas ou ici, on va bloquer les avions pour qu’ils ne sortent plus. Parce que, si tu arrives là-bas, et que l’évènement est passé, tu es allé faire quoi ? Tu ne peux pas t’appeler El Hadj. Si tu es une femme, tu ne peux pas t’appeler Hadja. Il y a beaucoup qui viennent nous tromper. Ils croient qu’on ne sait pas. Maintenant, on sait. Donc, je vous recommande, vous, les responsables de la communauté musulmane, d’être vigilants. Faites en sorte que, quand nous allons bloquer les avions pour dire qu’Arafat, c’est à partir de demain et qu’on ne vole plus, les gens comprennent et qu’ils ne disent pas que nous sommes méchants. Cela n’est pas de la méchanceté, mais c’est plutôt une aide à la prière. Parce que toute prière humaine a des règles. Si vous arrivez à l’Eglise catholique, au moment où l’on commence à distribuer la communion, vous n’avez pas assisté à la messe. Même si vous êtes dans le bâtiment, vous n’avez pas assisté à la messe. Donc, toutes les religions ont une règle. Il y a un moment à partir duquel ta prière est valable. Il y a un moment à partir duquel ton pèlerinage est valable. Puis, il y a un moment à partir duquel il n’est plus valable. Ceux-mêmes qui ferment l’Aéroport étaient là. Donc, si nous permettons à un avion de décoller en direction de Djeddah, nous savons très bien que l’avion ne va pas s’y poser. Qu’il va se poser dans les villes, les pays d’à côté. On ne peut pas permettre cela parce que si moi, je le fais, ce serait me moquer de la religion. Je vous recommande d’être franc avec nous, d’être franc surtout avec Dieu. Parce que tu peux me rouler, mais tu ne peux pas rouler Dieu, parce que lui, il sait où tu es. Je ne peux pas vous aider à rouler Dieu. Sinon, c’est une malédiction pour moi-même. Ce sont ces choses que je voudrais vous recommander. Depuis quelque temps, je connais un peu l’islam. On m’a dit que quand quelqu’un s’en va en voyage, on lui donne de l’argent pour acheter sa boisson le jour d’Arafat, parce qu’il fait très chaud. Je voudrais donc vous remettre cette somme symbolique pour vous accompagne à Arafat, au moment de la chaleur. Monsieur l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite, je vous confie mes compatriotes, il faut bien les tenir. Monsieur l’Ambassadeur Hamza, à vous, je vous ordonne de bien les saisir, de dire à votre jeune frère Touré Vazoumana, de ne pas dormir tant que le dernier pèlerin n’est pas arrivé. Je ne veux pas qu’un seul tombe malade, c’est pourquoi, j’y ai mis, à votre disposition une ambulance, parce ce sont des ivoiriens. Qu’il soit musulman ou pas, un ivoirien qui va à l’étranger, nous avons le devoir de le suivre. A plus forte raison, quand ils vont en groupe pour une question de foi. Ambassadeur Hamza, voici vos hommes. Voici vos frères. Voici vos coreligionnaires. Voici vos compatriotes. Ils sont à vous. Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse toute la communauté. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. Que Dieu nous amène la paix. Que Dieu vous amène sa paix à lui. Nous ne voulons pas la paix des hommes, qui trompe, mais la paix de Dieu qui est éternel. Nous voulons de cela.
Je vous remercie.

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