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vendredi 14 novembre 2008

Si Barack Obama et Sarkozy avaient été Ivoiriens - Les lois ivoiriennes les auraient empêchés d’être candidats

Le triomphe de Barack Obama à l’élection présidentielle américaine du 4 novembre dernier, a ému l’ensemble de la planète. Dans un élan de joie jamais vu, les voix qui comptent dans ce monde, ont salué une « élection historique ». Tous et toutes reconnaissent que les Américains ont donné au monde entier, une véritable leçon de démocratie, d’ouverture et de tolérance. Plus que jamais, les Etats-Unis ont donné une signification réelle à leur appellation. Dans ce concert de voix qui ont félicité et salué la première puissance mondiale, certaines paraissent inconvenantes ou, à tout le moins, injustifiées. Celle de Laurent Gbagbo, par exemple. Le chef de l’Etat ivoirien s’est empressé d’emboîter le pas aux Nicolas Sarkozy, Gordon Brown et autres Toumani Touré. C’est vrai que les usages diplomatiques le recommandent, mais, à la vérité Laurent Gbagbo peut-il, comme il a fait, parler « d’événement historiques » ? Le FPI, son parti, peut-il se réjouir de la « tolérance qui a régné tout au long de la campagne électorale » et se féliciter de « l’avènement du premier Noir à la présidence des Etats-Unis d’Amérique ? ». Faut-il en rire ? Certainement pas. Le sujet est trop sérieux pour la dérision. Le camp présidentiel, c’est le cas de le dire, ne fait preuve d’aucune conviction. Comment, alors qu’on s’appelle FPI, peut-on applaudir des deux mains, l’élection du premier Noir à la Maison Blanche alors qu’ici, l’on s’est battu et se bat encore pour que des citoyens accusés sans preuves de ne pas luire dans le miroir de l’ivoirité, n’aient pas le droit d’être candidats ? Comment, alors qu’on s’appelle Laurent Gbagbo et qu’on a soutenu que le candidat à l’élection présidentielle ivoirienne doit être « Ivoirien né de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens de naissance », applaudir des deux mains, qu’un Américain dont le père est Kényan est élu par ses compatriotes ? Comment peut-on, alors qu’on s’appelle Simone Gbagbo et qu’on a créé de toutes pièces, des associations féminines, regroupées autour d’un patriotisme étriqué pour exiger que l’épouse du candidat à l’élection présidentielle en 2000 « doit être Ivoirienne de teint noir », applaudir ce couple afro-américain qui s’installera bientôt à la Maison Blanche ? C’est une question de principe. Soit l’on est pour l’ouverture, soit par sa politique, on demeure xénophobe. On ne verra pas Jean-Marie Lepen, le leader du Front National français applaudir le triomphe du couple Barack Obama. Jamais ! Ce n’est pas cela, sa culture politique. Lui, est partisan de la préférence nationale. Il ne saurait se rallier à un événement qui ne rentre pas dans sa vision politique et philosophique. Il ne s’aurait donc en tirer un quelconque dividende. Laurent Gbagbo et ses partisans devraient donc avoir le profil bas. L’histoire récente de notre pays est toute fraîche dans nos mémoires pour leur permettre de faire des interprétations pour tromper l’opinion nationale. Même s’il ne fait plus aucun doute que Alassane Ouattara, longtemps exclu du débat politique ivoirienne sera bel et bien candidat à la prochaine élection présidentielle, combien d’Obama ivoirien sont frappés d’ostracisme à cause de notre loi fondamentale ? Car, malgré les réformes préconisées par les différents accords de Marcoussis, Accra et Pretoria, le chef de l’Etat bloque toujours le décret de réforme de l’article 35 de la Constitution relatif aux conditions d’éligibilité. Quoique la réforme soit validée par l’Assemblée Nationale. Pour être en conformité avec les communiqués qu’ils ont publiés dans le sillage de l’élection de Barack Obama, Laurent Gbagbo et son camp devraient lutter pour réformer notre Constitution afin de permettre à tous les Ivoiriens d’avoir la possibilité de postuler à la magistrature suprême. Ce texte ne devrait plus jamais faire l’apologie de la préférence nationale, catégoriser les Ivoiriens en citoyens de première zone et citoyens de seconde zone. Là se trouve toute la question. Ils ne franchiront pas ce pas, pour sûr. Car, la politique d’ouverture, d’intégration n’a jamais fait partie de leur programme politique.On aura remarqué du reste, qu’en France, Nicolas Sarkozy dont le père est originaire de la Hongrie a pu être adopté par ses compatriotes qui lui ont donné sa chance. Les Américains viennent de suivre ce schéma en confiant les rênes de la Première puissance politique, économique et militaire du monde à un « Black », un métis dont le nom sonne africain. Obama et Sarkozy auraient-ils eu un parent ivoirien qu’ils n’auraient jamais eu la possibilité de briguer le suffrage de leur compatriote au bord de la Lagune. Pourtant, Dieu seul sait que ces deux Présidents qui vont à coup sûr, marquer l’histoire politique de ce 21ème siècle, sont particulièrement brillants, audacieux et qu’ils n’ont rien à envier, loin s’en faut, à un Laurent Gbagbo élu par défaut dans des conditions que l’on sait. Loin des discours, c’est à l’œuvre que l’on saura si le camp présidentiel épouse réellement l’air du changement qui a balayé la France et les Etats-Unis. Nos textes, avons-nous dit, doivent être nettoyés. Sinon, ce n’est pas en envoyant des télégrammes de félicitation à un Président élu dans des conditions de tolérance, qu’on devient soi-même homme d’ouverture.

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