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vendredi 7 novembre 2008

un bel eexemple


Comme beaucoup d’Ivoiriens et de téléspectateurs, j’ai suivi jusqu’au petit matin du 5 novembre le déroulement des élections américaines. Le Sénateur de l’Illinois, le Démocrate Barack Hussein Obama II, né le 4 août 1961 à Honolulu, Hawaii, a été élu 44ème Président des Etats Unis d’Amérique. Avant de donner mon point de vue sur ce que le monde entier qualifie d’évènement historique, il est bon de situer tout un chacun sur celui qui est devenu depuis le 4 novembre, le 44ème Président élu des Etats Unis. Parce qu’il est né sur le territoire américain - Hawaii est le 50e et dernier territoire de l'Union à avoir accédé au statut d'État des États-Unis - il a la nationalité américaine car aux USA, c’est le droit de sol qui définit la nationalité. Son père, Barack Obama Sr., décédé en 1982 est Kenyan, noir de peau, fils d’un guérisseur de l’ethnie Luo du Kenya a été éduqué dans la religion musulmane. Sa mère, Staley Ann Dunham, décédée, elle aussi, en 1995, est issue d’une famille américaine blanche et chrétienne. Cette brève présentation permet de situer le lecteur sur le sens des leçons que nous pouvons tirer de l’arrivée de Barack Obama à la tête du pays le plus puissant et le plus développé du Monde. Un afro américain, (bien que n'étant pas descendant d'esclave, le Président élu, Barack Obama, est classé Afro-Américain par les média américains), va gérer pendant 4 ans, durée du mandat présidentiel aux USA, la destinée du monde entier. Il aura le secret du bouton nucléaire. Il sera le Président le plus craint et/ou le plus admiré du Monde. Les larmes et pleurs du très révérend pasteur Jesse Jackson en direct sur toutes les chaines de télévisions du monde entier traduisent éloquemment les émotions de ceux qui ont lutté pendant des décennies pour le respect des droits civiques de toutes les minorités aux Etats-Unis.Quelles leçons devons-nous tirer de cette élection ?1ère leçonLes Américains, dans leur écrasante majorité, ont surmonté et dépassé les barrières raciales et religieuses pour élire un Président dont le programme constitue un espoir. Ils ont élu un Président, sans tenir compte du fait que son père est Kenyan et que sa grande mère maternelle vit encore dans une case dans un village du Kenya. Cela nous interpelle, nous les politiciens des tropiques, qui avons la fâcheuse tendance à nous préoccuper des origines ethniques, tribales ou religieuses des candidats aux élections. Nous devons changer notre discours tribal en un discours de développement. Quand ont fait de la politique pour développer son pays, on se préoccupe très peu des origines des gens. Le fils d’un « étranger » peut parfois apporter plus d’espoir et de solutions à nos multiples problèmes. D’ailleurs, il est de notoriété que le métissage constitue une source d’enrichissement des civilisations. On le voit en France, le Président Sarkozy, né d’un père Hongrois est en train de gagner le pari des réformes pour changer la France. Ces quelques exemples doivent interpeller notre conscience, nous qui avons fait du repli identitaire et du patriotisme primaire, notre fond de commerce politique, créant la désunion dans une Côte d’Ivoire qui a besoin d’union pour affronter les nombreux défis qui se présentent à nous.2ème leçon Le candidat républicain, John Mc Cain, après voir pris acte de la victoire de son adversaire, lui a téléphoné pour le féliciter. Dans son intervention devant ses militants, il a loué les mérites de Barack Obama et s’est dit disposé à collaborer avec lui dans l’intérêt supérieur du peuple américain. Quelle belle leçon d’humilité ! Quel sens profond de la de la Démocratie, de la République et de la Nation ! Ceux qui savent perdre deviennent des Grands Hommes. Le Sénateur républicain John Mc Cain et sa colistière, Sarah Palin, sont des Grands Hommes comme le furent Frederik de Clerk en Afrique du Sud, et Abdou Diouf au Sénégal quand ils perdirent les élections dans leurs pays respectifs. Cette attitude des Grands hommes contraste avec ce qu’il nous a été donné de voir au Kenya, pays du père du 44ème Président américain élu, au mois de janvier 2008. Pour rappel, après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, au Kenya, des émeutes ont fait plusieurs centaines de morts. Le principal opposant Raila Odinga (rival du candidat Mwai Kibaki proclamé gagnant) a contesté les résultats et a appelé ses partisans à descendre dans la rue. C’est pourquoi, j’ai été personnellement surpris de constater que les Kenyans qui se sont entretués à l’issue du scrutin chez eux, soient en fête parce que les Américains ont organisé une véritable élection démocratique qui a vu la victoire de celui qu’ils considèrent comme leur frère. Tout cela doit faire réfléchir les politiciens qui appellent à descendre dans la rue pour contester les résultats d’une élection ou chercher à se maintenir au pouvoir. Des voies légales existent pour cela. Accepter avec dignité la défaite, c’est être un grand homme.3ème leçonNous avons tous appris que Barack Obama a bénéficié de l’appui financier de près de 3 millions d’américains de toutes conditions sociales. Ils se sont cotisés pour lui permettre de financer sa campagne. Il a pu ainsi réunir, pour le seul mois de septembre 2008, la somme de 150 Millions de dollars us. Le jour même du vote, des millions de démocrates bénévoles ont offert leurs services pour transporter les électeurs qui n’avaient pas de voitures de leurs domiciles aux lieux de vote. Ces deux faits m’ont profondément marqués. Car sous nos cieux, la campagne électorale constitue le moment propice pour l’enrichissement des partisans du candidat qui dans la foulée s’appauvrit. Cela mérite réflexion.4ème leçonL’équipe de campagne de Barack Obama a abondamment utilisé les nouvelles technologies de la communication : Ntic. Les principaux responsables de sa campagne dont David Axelrod, ne sont pas des membres influents du parti démocrate. Comme quoi, on peut faire diriger sa campagne par des spécialistes pas forcément sélectionnés dans les organes de son parti. En conclusion, je retiens que la richesse d’un peuple vient de sa diversité raciale, religieuse, ethnique, culturelle. C’est peut-être pour l’avoir trop tôt compris que le Président Félix Houphouët-Boigny avait sollicité l’instauration de la double nationalité en Côte d’Ivoire. C’est dommage qu’il n’ait pas été compris. Cela nous aurait certainement évité les graves dérives identitaires que nous avons connues ces 20 dernières années. Tous ceux qui agitent encore le spectre de l’étranger pour exister politiquement gagneraient à changer de mentalité. La mondialisation des cultures doit éteindre en nous le nationalisme étriqué qui appauvrit les peuples et les abrutit. Nous devons par conséquent mener une profonde réflexion sur le concept de nationalité afin de faire de notre pays la Côte d’Ivoire, une véritable terre d’hospitalité.

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