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lundi 2 mars 2009

Enquête express Ces filles de ménage, ‘’deuxième bureau’’ des patrons

Les filles de ménage communément appelées ‘’bonnes’’ ou ‘’servantes’’ sont la plupart des jeunes filles analphabètes ou déscolarisées qui viennent du village pour se ‘’chercher’’ et se ‘’débrouiller’’ en ville. Elles sont en général gérées par des agences de placement qui se chargent de leur trouver du travail dans des foyers quand ce ne sont pas des ‘’tanties’’ qui les font venir du village. La méthode du bouche à oreille est aujourd’hui le moyen le plus courant pour s’attacher les services d’une fille de ménage. La raison est toute simple : les agences de placement reviennent cher aux foyers. Pourtant Dieu seul sait le gros travail que ces filles de ménage abattent dans les foyers. Nettoyer la maison, faire la cuisine, accompagner les enfants à l’école, faire la lessive, faire le marché sont entre autres les tâches qu’elles exécutent quotidiennement. Dans l’exercice de leur métier, ces jeunes filles rencontrent d’énormes difficultés et sont souvent victimes de maltraitance, de droit de cuissage, de sévices corporels et moraux, le tout couronné par la malhonnêteté des agences de placement qui réquisitionnent souvent leur paie. Dans une agence de placement de filles de ménage à Abobo, les jeunes filles dont l’âge varie entre 12 et 18 ans, ont bien voulu lever un coin du voile sur leurs souffrances. Unanimement, les filles ont déclaré que certaines patronnes mettent tout en œuvre pour ne pas les payer correctement ou réduire de moitié leur salaire. ’’Ma dernière patronne m’accusait toujours de vol pour ne pas me payer. Elle prétextait prendre mon argent pour acheter l’objet volé ’’ a confié Koné Awa, âgée de 17 ans. A côté des ponctions salariales, les bonnes font aussi l’objet de ‘’bastonnades’’ intempestives par leurs patronnes. A ces sévices corporels s’ajoute l’interdiction de manger la nourriture familiale. ‘’Je n’avais pas le droit de manger la nourriture de la maison, ce que je prépare moi-même, je n’ai pas le droit de le manger au risque de me voir injuriée et traitée de tous les noms par ma patronne. J’étais donc obligée d’acheter à manger tous les jours ’’, poursuit-t-elle. Sa copine Kissa assise à ses côtés prend la parole pour nous faire partager une expérience douloureuse de sa vie de fille de ménage. ’’Un jour, pendant qu’on pilait du foutou avec ma patronne, j’ai, par inadvertance, heurté ses doigts avec le pilon. Prise d’une colère noire, elle a saisi ma main et d’un bon coup de pilon me l’a écrasée contre le mortier. Je me souviendrai toute ma vie de la douleur que j’ai ressentie. Je traîne encore les séquelles de cette agression qui date de deux ans’’, a-t-elle confessé non sans ajouter qu’elle continue de faire ce métier surtout par nécessité parce qu’elle doit assister financièrement ses pauvres parents au village, et pas par gaieté de cœur. En effet, le droit de cuissage et les propositions indécentes sont de rigueur dans le milieu.

Domestique et maîtresse du patron

Une triste réalité que vivent de nombreuses filles de ménage, les prestations des domestiques ne s’arrêtent plus aux simples tâches qui leur sont dévolues. Certaines sont invitées, très souvent contre leur gré, à réchauffer les nuits du patron quand la maîtresse de maison est en déplacement ou est indisponible. ‘’Dans ce métier, les propositions indécentes des patrons ne manquent pas. C’est même monnaie courante. Quelle que soit la forme, la taille ou la beauté de la servante, le patron n’a qu’une seule chose en tête, la mettre dans son lit. Tout ce qui lui importe, c’est satisfaire sa libido. Le comble, c’est que souvent, les enfants emboîtent le pas à leur père. Tout le monde veut profiter des charmes de la bonne. Franchement, c’est honteux’’, a révélé très amère, Coulibaly Adja, 18 ans, résidant à Koumassi-campement. Il y a cependant des filles qui profitent de la situation. Fatiguées de camper le rôle de bonne à tout faire dans la maison, ces ‘’filles adoptives’’ n’hésitent pas à franchir le pas pour coucher avec ‘’tonton’’, à la moindre occasion. Dame A.V.K, fonctionnaire dans un ministère de la place, en a fait les frais. ‘’J’employais A. Jeannette pendant plus de 5 ans. Elle a réussi à gagner mon estime. Je la considérais comme ma fille et je n’hésitais pas à lui faire des cadeaux. Je lui confiais même certains secrets parce qu’elle était majeure. Elle était donc comme une confidente pour moi. Pour me remercier, elle a couché avec mon mari. Je l’ai su quand elle est tombée enceinte’’, explique-t-elle avec regret. Ces relations amoureuses officieuses entre le patron et la fille de ménage confèrent désormais à celle-ci le statut de maîtresse de maison, au même titre que l’épouse légitime et légale. Le deuxième bureau bénéficie des largesses du patron. ‘’Je suis déjà sortie avec mon patron mais c’était surtout pour une question d’argent. J’avais un salaire de 20.000fcfa qui couvrait à peine mon transport parce que j’habite Koumassi et mon lieu de travail est à Treichville zone 3. Je couchais donc avec mon patron qui, non seulement ajoutait quelque chose sur mon salaire mais payait mon loyer, couvrait mes petits besoins de femme et payait même la scolarité de mon petit frère’’, a confessé Nadège K.Y. Quand ces relations entre employeur et employée arrivent à être officialisées, elles sont sources de disputes dans le foyer et conduisent généralement au divorce du couple.

Ténin SOLO

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