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lundi 29 juin 2009

« Nous sommes gérés par des notables qui ne savent pas pour qui ils sont là »


Le président du Parti Ecologique Ivoirien (PEI), Edmond Edouard N’gouan, candidat à la présidentielle prochaine ne croit pas à l’effectivité de la date du 29 novembre 2009. Pour lui, il existe une volonté manifeste du pouvoir à ne pas tenir l’échéance. Il estime alors qu’un changement de la classe dirigeante s’impose au peuple afin de mettre fin à sa misère.

Monsieur le président du Parti Ecologique Ivoirien, comment appréciez-vous la date des élections pour le 29 novembre 2009 ?

Pour nous au Parti Ecologique Ivoirien, c’est une proposition de date qui a été faite. Ce n’est pas une date effective, simplement parce qu’elle pourrait changer. Pour qu’elle soit effective, il faut que le chronogramme qui accompagne une date effective soit mise en place. C'est-à-dire, la proclamation de la date, avec l’appel à candidature, les dates concernant le début et la fin de la campagne. Les dates concernant le début et la fin de dépôt pour les candidatures. La période de vérification et de validation de candidatures. Rien de tout ce qui a été cité n’a été proclamé. Donc, la date du 29 novembre n’est pas effective. C’est une proposition de date. Attendons que les autorités présentes proclament la date avec tout son contour. Ce que nous, au PEI demandons au chef de l’Etat, c’est de nous fixer une date de proclamation ou de la confirmation de la présente, avec toute sa procédure. Il faut suivre les procédures maintenant. Occuper les médias pour donner une date, comme on en a l’habitude, nous en sommes fatigués. Il y en a eu de cette forme, sans que les contours qui le permettent n’aient même commencé. Qu’il nous fixe la date ou il confirmera la date annoncée maintenant. Ainsi, nous, nous croirons à un début de ce que demande tout le monde : la transparence par la légalité et la légitimité de la procédure.

Ce qui laisse penser que vous ne croyez pas à l’effectivité de cette dernière date.

Nous n’avons pas à croire, tant qu’elle n’aura pas été proclamée avec sa procédure de façon légale. Ce n’est pas pour cela que nous ne devons pas nous préparer pour ne pas être surpris, vu la façon dont tout est mené au pays. Il faut dire que la confiance n’existe plus au pays. C’est le désordre dans l’improvisation qui continue.

Pensez-vous que la paire, Laurent Gbagbo-Guillaume Soro est décidée à organiser effectivement les élections ?

Que ce soit aujourd’hui ou demain, quoi qu’il arrive, il y aura bien des élections un jour. Vous voulez certainement me demander si prolonger la date les avantagerait ! Nous, nous dirons que cela dépend. Si c’est fait sciemment dans la conduite au ralenti des engagements pris, le peuple qui, lui est pressé d’aller aux élections décidera. Parce que, les politiciens ne pensent qu’au pouvoir, rien qu’au pouvoir en ne vendant que leur nom et leur notoriété sans apporter de programme expliqué. Cela avec la complicité du réseau d’organisations internationales et L’Onuci avec sa suite qui fait croire au peuple qu’aller aux élections vite et dans le désordre est ce qui améliorera sa condition de vie. Pourtant c’est faux. Alors, ce peuple-là, et sa grande silencieuse, qui attend le moment de la censure le jour du vote, ne leur feront pas cadeau. Il y a des vanités qui sont tombées, sans comprendre pourquoi elles sont tombées. Parce qu’elles n’étaient simplement que des vanités. Remarquez que, lorsqu’ils font leur meeting ou déplacements, on dit toujours, il y a deux mille, voire cinq mille, au plus de dix milles personnes, et venant de toute la Côte d’Ivoire et rarement le dernier chiffre n’est atteint. On n’a jamais dit qu’il y avait un million de personnes. Or la Côte d’ivoire, c’est seize millions d’habitants dont au moins six millions de votants. Donc la censure, ils ne la voient pas venir, induits dans leur notoriété de vanité.

Donc vous estimez que la date sera repoussée…

Mais si, c’est parce qu’il y a des points de procédure qui demandent que les dates soient repoussées afin que tout soit bien fait réellement pour le peuple, afin que l’ordre revienne et avantage la transparence qui conditionnera la vraie paix. Je ne dirais pas durable, mais définitive, sachez que le peuple n’est pas mauvais, il veut la paix et l’unité, et il comprendra. Ceux qui seront déçus sont ceux qui sont pressés d’aller aux élections. Cela, à n’importe quelles conditions, rien que pour le pouvoir et ses finances. Rejetons-les. Ils ne seront pas porteurs de vie pour le peuple. Ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils sont déjà vaniteux dans la notoriété et ils ne désirent le pouvoir que pour conditionner au mieux, leur vanité.

Que faire si cette date n’est pas respectée ?

Il ne faut plus rechercher la violence. Ce n’est pas bon pour l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur. Or dans cette mondialisation économique, être mal vu à l’extérieur, c’est le peuple qui payera davantage. Parce que la confiance n’y serra plus et la potentialité de relève économique sera freinée. Ce qui ne permettra pas les partenariats et les essors d’échanges économiques. Aussi, le peuple a-t-il trop vécu la violence qu’il n’en veut plus. Cela ne l’a jamais avantagé. Il faut plutôt chercher à savoir, pourquoi la date n’est pas respectée.

Les élections pourront-elles mettre définitivement fin à la crise ivoirienne ?

Oui, si on ne se pressait pas d’aller aux élections et que la situation était véritablement expliquée au peuple, avec un chronogramme précis qui les rassurerait.

L’opposition ivoirienne selon vous est-elle capable de renverser la donne ?

De quelle opposition me parlez-vous ? De ceux-là qui sont à la base de la misère du peuple et qui ont pris par Marcoussis, la Côte d’Ivoire en otage ? Ils ne pourront rien pour la Côte d’Ivoire. Ils ne l’ont que trop enfoncée. Et puis, il faut les isoler. Le monde change, il faut changer avec le monde. Il faut évoluer. Il faut oser changer, prendre quelqu’un de nouveau. Il faut aller de l’avant. Nous ne pouvons continuer, ni avec encore quarante ans en arrière, ni avec ceux qui ne voient le pouvoir que pour s’imposer à vie ou de se ré enrichir sur le dos du peuple. Il faut arrêter avec ces personnes-là qui distribuent l’argent du peuple en leur nom. Parce qu’ils confondent les deniers publics et leur nom au lieu de donner au nom de l’Etat. Non ! Arrêtez de promouvoir cette classe de politique-là. La Côte d’Ivoire, ce n’est pas qu’eux et ce ne sont pas les cerveaux qui manquent dans le pays. Il faut évoluer, aller de l’avant. Ne soyons pas nous-mêmes, fossoyeurs de notre vie. Les nouveaux jeunes opposants comme nous, pourrons relever la donne.

L’un des leaders, en l’occurrence Anaky Kobéna du Mfa a proposé la solution de la rue pour une nouvelle transition. Qu’en pensez-vous ?

Je suis pour. Seulement si, le pouvoir fait tout pour retarder les élections. Et si cela s’avérait, nous sommes pour cette transition pacifique, en marche continue silencieuse et de non-violence.

Récemment le président Laurent Gbagbo a affirmé vouloir doter la Côte d’Ivoire d’une armée digne de son nom. Quel commentaire sur sa volonté de se réarmer ?

Nous sommes en temps de paix et il faut certes l’amélioration de la situation militaire dans le plan de développement, mais la priorité doit être l’emploi. Créer des emplois. Mettre en place, tous les mécanismes de création d’emplois. Nous croyons au PEI, que c’est ce que le peuple attend. Et c’est pour cela que nous en avons fait notre priorité. Il faut améliorer la condition de vie, de ce petit peuple là, qui n’a que trop souffert. Neuf ans à ne rien faire pour le peuple, tout le temps qu’il est Président, Laurent Gbagbo ne fait que promettre, partout promettre, toujours promettre et dans toutes les villes où il est passé et il n’a rien réalisé sinon que de la manipulation. Rien que des discours et des promesses. Si la Côte d’Ivoire veut se spécialiser à rester pauvre par la spécialisation d’écoute des promesses non réalisées, le pays n’évoluera jamais.

Il y a plusieurs mois la banque mondiale a décaissé 6 milliards pour nettoyer Abidjan des ordures. Mais l’on constate que l’opération semble un fiasco. Qu’en pense le président du parti écologique Ivoirien ?

Vous savez, la côte d’Ivoire est gérée par les hommes du passé. Pas de ceux du présent qui eux sont dans leur temps. Comprenant et maîtrisant les structures et idéologies de développement. Et aussi, cultivant les réseaux mondiaux de programmes de développement. Donc, les partenariats et la maîtrise du marché international avec une pénétration du marché et l’appel à l’emmagasinement des richesses par ces pénétrations de marché… Nous sommes gérés par des notables qui ne savent pas pour qui ils sont là. Pourquoi, ils sont là, et pour la plupart, sans être préparés ni s’y attendre, ils sont là. Parachutés, dans la méconnaissance de la gestion d’un patrimoine. Ils ne pensent qu’à piller l’Etat et à se rendre notables. Pour écraser ceux pour qui ils devaient travailler. C’est le plan qu’ils suivent. Pauvres avant, ils pillent aujourd’hui. Que ce soit le pouvoir, les gouverneurs en place, les maires, ils ont profité de la crise et de son prolongement pour s’enrichir. Laissant nos communes dans la déconfiture totale. Ils sont tous pareils et du passé. Ils ont fait de la corruption et du désordre, un système de vie. Le pays a trop pourri. Il y a tellement de programmes facilement réalisables et qui ne nécessitent pas de financement. Voilà pourquoi nous sommes là nous, pour réparer ce qu’ils ont laissé pourrir et ouvrir les plans d’essors économiques. L’Ecologie et l’Ecologie politique, c’est le travail, la santé. L’écologie politique, c’est la création de plusieurs nouveaux emplois. Ce sont les programmes environnementaux permettant de vivre dans des conditions saines.

Pourquoi selon vous la Côte d’Ivoire malgré les efforts des institutions internationales continue de ployer sous les ordures ?

Les institutions internationales n’ont qu’à être associatives, et de bonne volonté. Mais ce ne sont pas elles qui gèrent sur place. Et quand le surplace est défaillant d’idées et le couvre par tant de discours, et de promesses, ce sont les conséquences.

Comment expliquez-vous les inégalités sociales en Côte d’Ivoire ?

Cela est dû au manque de conscience, à l’incompétence des pouvoirs qui se sont succédé après le Père Félix Houphouët-Boigny. Avec trop de volonté d’enrichissements illicites. Avec des personnes, qui voulaient copier notre père Houphouët-Boigny, sans avoir, ses compétences ni ses relations. Au pouvoir, ils s’enrichissent eux, leur famille, un groupe de notables. Ils se pavanent pour jouer au chef. Le reste de la population, la grande majorité est laissé pour compte. Nourri par les promesses.

Que proposez-vous pour le changement en Côte d’Ivoire ?

Élire un nouvel homme. Pour un changement et une cassure totale avec l’ancien système. Il ne faut plus revenir avec le passé, ni les hommes du passé. Il faut oser changer. La Côte d’Ivoire est un pays de jeunes, dirigé par des vieux dépassés. Il faut inverser la tendance. Le peuple et la jeunesse doivent se prendre désormais en charge. Les parents les soutiendront. Nous voulons et désirons tous le changement. Alors pour cela, que la Côte d’Ivoire et sa jeunesse choisissent le Parti Ecologique Ivoirien, pour le représenter. Essayons autre chose pour cinq ans dans l’évolution.

Vos adversaires politiques sont déjà en campagne et vous, on ne vous voit pas encore. Pourquoi ?

Depuis le début de la crise, il y en a qui font des Congrès à chaque annonce d’élection. Alors que la crise n’était pas résolue pour se faire proclamer candidats et candidats déjà élus. Ils ont toujours sans les conditions et le peuple, été pressés. Ils sont en campagne depuis longtemps, avant même une véritable proclamation, parce qu’ils se savent dépassés. Ils seront essoufflés, le peuple en sera lassé. Il en est même lassé. Comme le peuple veut un changement, il faut surgir au bon moment. Nous, ne sommes pas pressés. Nous fignolons de bons programmes en douceur pour la famille, pour nos parents, pour la Côte d’Ivoire, pour son peuple par sa jeunesse. Nous avons confiance en nous et au peuple et nous allons par étape. Sans vouloir forcer ni rater les étapes. Qui ménage sa monture arrive à point.

Un mot sur le président Omar Bongo qui vient d’abandonner le peuple Gabonais.

Devait-il être une certaine transition, pour maintenir des équilibres relationnels ? L’histoire le dira. Moi, je n’aimais pas le président africain qu’il était et la jeunesse africaine comme ma personne le nommait le traître de l’Afrique. Contre sa personne, je n’ai rien. C’est un Chef d’Etat qui aurait dû se retirer pour permettre une vraie transition démocratique. Il aurait eu une bonne renommée. Remarquez que le pays est immensément riche, peuplé d’un million cinq cent mille habitants, mais la misère y sévit. Parce qu’il a préféré brader la richesse nationale pour son équilibre de pouvoir et de notoriété personnelle avec la France. C ’est pour cela que ce n’est que les politiques français qui le pleurent. Mais pas l’Afrique. Sa mort est pour l’Afrique, l’avancée dans le changement. Il est mort, retenons ce qu’il a fait en bien pour s’en servir. Rejetons le mal, sans l’oublier.

Interview réalisée par Hervé Makré

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