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lundi 21 septembre 2009

La France à la croisée des chemins


“Lorsque Laurent Gbagbo envoie un télégramme aux Gabonais pour leur dire, " faites attention, ne faites pas comme la Côte d`Ivoire", il prend un risque politique. Parce que le Gabon, c`est l`affaire de la France. C`est la France qui a fait le Gabon ". On peut ou non partager ce point de vue de M. Dépié, ancien militant du parti socialiste français, mais on ne dira pas que cette opinion n`est pas manifeste, eu égard à la politique très " françafricaine " de l`ex-puissance coloniale dans ce petit pays de l`Afrique centrale. Le défunt président, Omar Bongo, en était d`ailleurs un pion essentiel. Depuis l`élection controversée de son fils, le pays, particulièrement, Port-Gentil, le poumon économique, est en proie à des violences qui ont déjà fait deux morts. Le consulat de France a été partiellement, incendié. Sans oublier d`autres intérêts français, telles que les stations Total, qui ont essuyé la colère de Gabonais mécontents. Faut-il leur accorder un blanc-seing dans leur volonté d`en découdre avec la France ? N`étant pas dans le secret des dieux, il est très risqué de se hasarder dans un verdict d`urnes, où l`opposition savait d`avance que l`élection à un tour faisait le jeu de Ali Bongo. Mais elle n`a pas pu aller au-delà des querelles de leadership, comme c`est généralement le cas sous les tropiques, pour présenter un candidat unique. Mais la colère des Gabonais à l`égard de la France mérite qu`on s`y attarde. Pourquoi les Africains s`en prennent-ils aux intérêts français à la moindre étincelle, à la moindre contradiction interne ? Voici ce qu`a déclaré une Gabonaise sur les antennes de France 24, il y a deux jours : " il fallait qu`on s`en prenne à la France, parce que les Français sont faux ". Que faut-il entendre par " les Français sont faux ". C`est l`inclinaison de la France, héritière de la démocratie, à opter pour les béni-oui-oui, ceux qui sont capables de pérenniser les intérêts français, au détriment des peuples, qui soulève le courroux des citoyens de ses anciennes colonies. Et tant que les autorités françaises n`iront pas au-delà des déclarations stériles, non suivies d`effets, pour repenser sa politique africaine, elle livrera toujours ses ressortissants, qui ne demandent qu`à faire leurs affaires, et ses intérêts à la vindicte populaire. Sarkozy a professé au Cap, en Afrique du Sud, vouloir démanteler des bases militaires, renégocier certains accords dont la caducité est visible comme un furoncle sur le visage. Mais, il ne se passe pas de jour sans que la presse ne lève le voile sur les intrigues de ses barbouzes pour renverser tel ou tel chef d`Etat, parce que jugé " dangereux " pour les intérêts de l`Hexagone. Oubliant qu`on peut retarder la roue de l`histoire, comme l`a dit, fort à propos, le Gabonais Pierre Akendégué, mais qu`on ne peut jamais l`arrêter. La France qui n`a pas d`histoire au XXIe siècle sans l`Afrique (dixit François Mitterrand) a intérêt à changer radicalement sa politique africaine au risque tout perdre un jour.

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