Pourquoi le chef de l`Etat-candidat ne ménage-t-il aucun effort ni aucune occasion pour se rapprocher de la hiérarchie militaire à quelques semaines des élections ? Pourquoi le discours de "l`enfant des élections" est-il devenu subitement si violent pour ne pas dire haineux contre une partie des Ivoiriens ? Pourquoi Gbagbo a-t-il décidé de mettre "son armée" en ordre de bataille contre l`opposition ?
La réponse à toutes ces interrogations se trouve dans ce qui se planifie sans bruit et qui doit être mis en œuvre au cours de ce mois de septembre : un grand séisme politique de magnitude supérieure à celui qui avait bouleversé le processus de sortie de crise en février dernier.
Septembre sera un mois très déterminant dans le processus de sortie de crise engagé. Et les Ivoiriens qui espéraient pousser un ouf de soulagement avec la "livraison assurée" de la liste électorale définitive, le passeport indispensable pour les élections du 31 octobre, doivent plutôt reprendre leur souffle. Car si l`on en croit des sources diplomatiques concordantes, le chef de l`Etat Laurent Gbagbo ne serait pas disposé à aller aux élections avec l`actuelle Cei et le gouvernement Soro II. Ces organes chargés de piloter le processus électoral ne lui inspirent aucunement confiance. Pire, les données issues de la liste électorale provisoire qui vont être confirmées sous peu dans le cadre de liste définitive après le contentieux judiciaire ne rassurent pas du tout le candidat Gbagbo. Les spécialistes de son propre camp sont sceptiques sur ses chances de remporter ces élections. Ils ne seraient même pas sûrs qu`il a 100% de chance de parvenir au second tour devant Bédié et Ouattara. L`on se souvient que les problèmes de M. Beugré Mambé ont commencé lorsqu`il avait décidé de mettre fin le 6 janvier dernier à l`opération de vérification de la liste électorale afin de tenir le délai de fin février début mars.
La double dissolution de la Cei et du gouvernement décidée le 12 février avait pour objectif de permettre à Gbagbo d`avoir la main mise sur les structures en charge de l`organisation des élections. Il avait même instruit, à cet effet, le Premier ministre de lui proposer un nouveau format en ce qui concerne la composition de la Cei et un gouvernement composé de ministres issus du camp présidentiel et des Forces nouvelles.
Mais les choses ne se sont pas passées comme il l`espérait. Gbagbo a été enfermé dans les périmètres de l`APO.
Pour autant, le chef d`Etat-candidat n`a pas jeté l`éponge, il a reculé pour mieux sauter.
Février 2010 n`était qu`un test qui devrait lui permettre de prendre le pouls exact de la situation. En septembre, on parle même de la première quinzaine de ce mois, Gbagbo veut engager le grand bras de fer avec l`opposition et s`ouvrir le boulevard qu`il va emprunter pour gagner sans encombre la présidentielle. Après s`être "attaché les services" de l`armée sur laquelle il a fait pleuvoir une averse de galons, le chef de l`Etat va dissoudre une fois de plus le gouvernement et la Cei. Un nouveau gouvernement sera mis en place, sans les partis politiques, pour organiser les élections dans 45 jours. Le rôle des Fds sera déterminant dans la mise en œuvre de ce plan. C`est pourquoi, pour préparer un peu les esprits, il a lâché le 7 août dernier "si je tombe, vous aussi vous tombez" à la hiérarchie militaire. En sous-main, il négocie auprès de l`Onuci pour une levée partielle de l`embargo sur les armes. De passage à Divo où il a jugé nécessaire d`installer une unité de la Crise, Gbagbo a donné le mot d`ordre "matez tous ceux qui sèmeront le désordre !"
Mais de quel désordre, de quel trouble parle-t-il ? Pourquoi les Ivoiriens qui ont subi toutes sortes de frustrations et qui ont su faire preuve de patience tout au long du processus, seraient-ils tentés de semer un quelconque désordre au moment où on parle d`élection ? La vérité, c`est que ces élections dont parle Gbagbo ne sont les élections que le peuple attend. Tout ne se passera pas comme prévu. Un passage en force va être opéré. Depuis quelques jours, le pouvoir Fpi parle de velléité de coup d`Etat. La semaine écoulée, on a parlé d`un funeste projet d`assassinats ciblés contre des personnalités. Et si finalement, le pouvoir Fpi était en train de fomenter un coup pour l`imputer à des cadres de l`opposition ? Et se donner ainsi les moyens et les raisons de sévir ?
Pour sûr, la Côte d`Ivoire n`est pas encore sortie du tunnel. Les 60 jours qui nous séparent des élections annoncées seront assurément très difficiles à vivre.
lundi 30 août 2010
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