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lundi 8 septembre 2008

Parlements et agoras : Après la résistance, la culture démocratique

Les espaces de libre expression introduits en Côte d’Ivoire, il y a quelques années, ont connu une expansion dès le déclenchement de la crise ivoirienne en septembre 2002. Dans tous les quartiers du district d’Abidjan et dans certaines grandes villes de l’intérieur, il existe un congrès, un parlement ou une agora qui a servi de cadre à la mobilisation pour la résistance pendant la crise. Mais aujourd’hui, avec le retour progressif de la paix qui apparaît aux yeux de tout le monde comme un processus irréversible, ces espaces enregistrent de moins en moins de monde. Il se pose alors la question de leur survie. En d’autres termes, que deviennent les espaces de libre expression ?
“Les gens viennent nous écouter selon l’évolution de l’actualité politique nationale. Depuis la signature de l’accord de Ouagadougou, tout le monde s’accorde à dire que le pays va sortir de la crise. Le peuple est donc rassuré. Certains préfèrent donc rester à la maison. Mais lorsqu’il y a une situation qui a tendance à entraver le processus de paix en cours, telle que la révolte des ex-combattants démobilisés et casernés de Bouaké, nous enregistrons beaucoup de monde. Cela suppose que les patriotes ne sont pas fatigués de lutter, mais ils observent la dynamique de la paix”, explique Zogbo Guédé Richmond, orateur et 1er vice-président du parlement de Yopougon Sideci. Dans cette vaste commune, seul le parlement de Sideci entretient encore une activité régulière. Les autres le font de façon sporadique et enregistre de moins en moins de monde. “A partir du moment où tout le monde regarde aujourd’hui dans la même direction, il n’y a plus d’adversité. De ce fait, les orateurs n’ont plus d’arguments pour haranguer la foule. En tout cas, il manque quelque chose”, nous apprend un habitué de ces lieux.
D’une manière générale, les responsables des agoras et parlements d’Abidjan reconnaissent que le retour de la paix les contraint à adapter leurs comportements et attitudes au nouveau contexte politique. “Dans le combat de la résistance, nous avons un guide qui est le Président de la République Laurent Gbagbo. Il nous a dit de ne rien faire qui puisse entraver l’Accord de Ouagadougou. Nous suivons ces consignes à la lettre. Voilà pourquoi par exemple vous n’allez plus entendre des propos hostiles aux leaders politiques encore moins aux responsables des Forces nouvelles, pourtant responsables de la guerre pour laquelle nous nous mobilisons depuis cinq ans”, commente Séry Honoré, vice-président du tout puissant congrès d’Abobo. Cependant, il a précisé que si Laurent Gbagbo est attaqué à travers la presse, ce congrès apporte la réplique nécessaire. C’est ainsi que le jeudi 12 juin dernier, après les propos jugés désobligeants de Venance Konan et Tiburce Koffi tenus dans le quotidien “Le Nouveau Réveil”, à la suite d’une interview que le Président de la République a accordée à la chaîne de télévision française “France 24”, selon Paul N’Guema, orateur de ce jour, “nous avons invité Venance Konan à venir participer à un débat contradictoire dans notre espace. Il a décliné l’offre prétextant des raisons de sécurité. Ce n’est pas normal”.
Pour être toujours en éveil, et surtout pour accompagner le processus de paix, les animateurs des parlements et agoras prennent des initiatives. Ils invitent des acteurs de la scène politique qui jusque-là estimaient que ces espaces étaient uniquement réservés à tous ceux qui sont favorables au camp présidentiel. Pour des débats contradictoires C’est dans ce cadre que le président de l’UDPCI, El hadj Mabri Toikeusse, a été l’invité du parlement «Socrate» de Yopougon-Niangon, le 5 juillet dernier.
C’est également dans ce cadre que la visite à la “Sorbonne Solidarité” du Plateau de Cissé Ibrahim Bacongo, ministre de l’Enseignement supérieur et membre de la direction du Rassemblement des républicains (Rdr), le 24 avril 2008, est qualifiée d’historique. De fait, pour Nadaud Clément, président de la «Sorbonne Solidarité» cet espace ne doit plus être considéré comme un laboratoire de la culture de la haine. “Les agoras et parlements sont aussi engagés dans le processus de paix et de réconciliation nationale. Il faut briser le mur de méfiance par l’acceptation du droit à la différence politique des uns et des autres. Car en réalité, notre différence de vues doit pouvoir nous servir”, a-t-il affirmé.
Une banderole dans le fond de cet espace sur laquelle l’on peut lire: “De la résistance à la culture démocratique” indique clairement aux visiteurs la nouvelle vision de la «Sorbonne Solidarité». Selon les responsables, la résistance menée depuis le déclenchement de la crise doit se muer en une culture démocratique. Ces espaces doivent alors servir de cadres d’échanges sur des questions d’intérêt national en vue d’inculquer des notions et des valeurs démocratiques aux populations. C’est la raison pour laquelle après le ministre Cissé Bacongo, Nadaud Clément et son groupe ont inscrit sur leur agenda, entre autres, Gnamien Konan, ex-directeur général des Douanes et candidat déclaré à la présidentielle de novembre 2008, le secrétaire général du Pdci-Rda, Alphonse Djédjé Mady ainsi que des responsables des Forces nouvelles. Cette nouvelle orientation marquée par la volonté d’ouverture aux responsables politiques de l’opposition se manifeste aussi dans tous les autres parlements. Au tout-puissant congrès d’Abobo, les responsables se félicitent d’avoir reçu Kouadio Konan Bertin et Karamoko Yayoro, respectivement présidents de la jeunesse du Pdci-Rda et du Rdr. Les échanges ont permis d’aplanir les divergences de vues sur les audiences foraines sous l’ère du Premier ministre Charles Konan Banny. Tout comme le parlement de Yopougon Sideci a accueilli avec joie en janvier 2008 le commandant Ouattara Issiaka dit Wattao des Forces nouvelles.
A en croire Okrou Jérémie, secrétaire général de la “Sorbonne nationale” sise au Plateau, le bilan des activités des parlements et agoras est largement positif. Car d’une manière générale, la résistance dans ces lieux a développé chez l’Ivoirien, l’amour de son pays. Cette prise de conscience doit être le pilier central de la vraie indépendance pour la Côte d’Ivoire. “Nous avons contribué à instaurer dans les esprits des Ivoiriens la conscience de l’opinion publique nationale”, confie-t-il. “Il est vrai que la crise était armée mais n’oublions pas la dimension communication. C’est à ce niveau que ces espaces ont pleinement joué leur rôle. Au départ, à travers les médias internationaux, il y avait la désinformation et la diffamation de la Côte d’Ivoire. Nous avons rétabli la vérité par les enseignements que nous dispensions”, ajoute un membre du bureau du congrès d’Abobo. Les autres acquis de cette lutte concernent la formation des participants. “Nous avons les capacités de décortiquer les messages de tous les leaders politiques. Ce sont des cours de science politique que nous donnons. Cela nous permet de mieux cerner aujourd’hui l’actualité aussi bien nationale qu’internationale. Les médias internationaux ne peuvent plus divulguer de fausses informations sur la Côte d’Ivoire. En définitive, nous avons ouvert les yeux aux Ivoiriens”, ajoute Zogbo Guédé du parlement de Yopougon.
Par ailleurs, certains animateurs ont passé avec succès les concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena), à l’Ecole de Police, à la Gendarmerie nationale. D’autres travaillent actuellement au port d’Abidjan et dans bien d’autres secteurs d’activité.
Au regard de ces acquis, les responsables des agoras et parlements sont pour le maintien de leurs activités dans ces espaces après la crise. “On peut faire de la ‘Sorbonne’ un lieu de pèlerinage, un lieu de savoirs et de connaissances, un espace de débats contradictoires par excellence à l’image de l’agora dans la Grèce antique”, propose Okrou Jérémie de la Sorbonne nationale.
“La Sorbonne est le 1er espace de libre expression qui existait avant l’avènement de Gbagbo au pouvoir. Qu’il soit réélu ou non, on ne doit pas freiner nos activités. Au contraire nous gagnerons à institutionnaliser cet espace”, préconise Nadaud Clément.
Les espaces de libre expression introduits en Côte d’Ivoire, il y a quelques années, ont connu une expansion dès le déclenchement de la crise ivoirienne en septembre 2002. Dans tous les quartiers du district d’Abidjan et dans certaines grandes villes de l’intérieur, il existe un congrès, un parlement ou une agora qui a servi de cadre à la mobilisation pour la résistance pendant la crise. Mais aujourd’hui, avec le retour progressif de la paix qui apparaît aux yeux de tout le monde comme un processus irréversible, ces espaces enregistrent de moins en moins de monde. Il se pose alors la question de leur survie. En d’autres termes, que deviennent les espaces de libre expression ?
“Les gens viennent nous écouter selon l’évolution de l’actualité politique nationale. Depuis la signature de l’accord de Ouagadougou, tout le monde s’accorde à dire que le pays va sortir de la crise. Le peuple est donc rassuré. Certains préfèrent donc rester à la maison. Mais lorsqu’il y a une situation qui a tendance à entraver le processus de paix en cours, telle que la révolte des ex-combattants démobilisés et casernés de Bouaké, nous enregistrons beaucoup de monde. Cela suppose que les patriotes ne sont pas fatigués de lutter, mais ils observent la dynamique de la paix”, explique Zogbo Guédé Richmond, orateur et 1er vice-président du parlement de Yopougon Sideci. Dans cette vaste commune, seul le parlement de Sideci entretient encore une activité régulière. Les autres le font de façon sporadique et enregistre de moins en moins de monde. “A partir du moment où tout le monde regarde aujourd’hui dans la même direction, il n’y a plus d’adversité. De ce fait, les orateurs n’ont plus d’arguments pour haranguer la foule. En tout cas, il manque quelque chose”, nous apprend un habitué de ces lieux.
D’une manière générale, les responsables des agoras et parlements d’Abidjan reconnaissent que le retour de la paix les contraint à adapter leurs comportements et attitudes au nouveau contexte politique. “Dans le combat de la résistance, nous avons un guide qui est le Président de la République Laurent Gbagbo. Il nous a dit de ne rien faire qui puisse entraver l’Accord de Ouagadougou. Nous suivons ces consignes à la lettre. Voilà pourquoi par exemple vous n’allez plus entendre des propos hostiles aux leaders politiques encore moins aux responsables des Forces nouvelles, pourtant responsables de la guerre pour laquelle nous nous mobilisons depuis cinq ans”, commente Séry Honoré, vice-président du tout puissant congrès d’Abobo. Cependant, il a précisé que si Laurent Gbagbo est attaqué à travers la presse, ce congrès apporte la réplique nécessaire. C’est ainsi que le jeudi 12 juin dernier, après les propos jugés désobligeants de Venance Konan et Tiburce Koffi tenus dans le quotidien “Le Nouveau Réveil”, à la suite d’une interview que le Président de la République a accordée à la chaîne de télévision française “France 24”, selon Paul N’Guema, orateur de ce jour, “nous avons invité Venance Konan à venir participer à un débat contradictoire dans notre espace. Il a décliné l’offre prétextant des raisons de sécurité. Ce n’est pas normal”.
Pour être toujours en éveil, et surtout pour accompagner le processus de paix, les animateurs des parlements et agoras prennent des initiatives. Ils invitent des acteurs de la scène politique qui jusque-là estimaient que ces espaces étaient uniquement réservés à tous ceux qui sont favorables au camp présidentiel. Pour des débats contradictoires C’est dans ce cadre que le président de l’UDPCI, El hadj Mabri Toikeusse, a été l’invité du parlement «Socrate» de Yopougon-Niangon, le 5 juillet dernier.
C’est également dans ce cadre que la visite à la “Sorbonne Solidarité” du Plateau de Cissé Ibrahim Bacongo, ministre de l’Enseignement supérieur et membre de la direction du Rassemblement des républicains (Rdr), le 24 avril 2008, est qualifiée d’historique. De fait, pour Nadaud Clément, président de la «Sorbonne Solidarité» cet espace ne doit plus être considéré comme un laboratoire de la culture de la haine. “Les agoras et parlements sont aussi engagés dans le processus de paix et de réconciliation nationale. Il faut briser le mur de méfiance par l’acceptation du droit à la différence politique des uns et des autres. Car en réalité, notre différence de vues doit pouvoir nous servir”, a-t-il affirmé.
Une banderole dans le fond de cet espace sur laquelle l’on peut lire: “De la résistance à la culture démocratique” indique clairement aux visiteurs la nouvelle vision de la «Sorbonne Solidarité». Selon les responsables, la résistance menée depuis le déclenchement de la crise doit se muer en une culture démocratique. Ces espaces doivent alors servir de cadres d’échanges sur des questions d’intérêt national en vue d’inculquer des notions et des valeurs démocratiques aux populations. C’est la raison pour laquelle après le ministre Cissé Bacongo, Nadaud Clément et son groupe ont inscrit sur leur agenda, entre autres, Gnamien Konan, ex-directeur général des Douanes et candidat déclaré à la présidentielle de novembre 2008, le secrétaire général du Pdci-Rda, Alphonse Djédjé Mady ainsi que des responsables des Forces nouvelles. Cette nouvelle orientation marquée par la volonté d’ouverture aux responsables politiques de l’opposition se manifeste aussi dans tous les autres parlements. Au tout-puissant congrès d’Abobo, les responsables se félicitent d’avoir reçu Kouadio Konan Bertin et Karamoko Yayoro, respectivement présidents de la jeunesse du Pdci-Rda et du Rdr. Les échanges ont permis d’aplanir les divergences de vues sur les audiences foraines sous l’ère du Premier ministre Charles Konan Banny. Tout comme le parlement de Yopougon Sideci a accueilli avec joie en janvier 2008 le commandant Ouattara Issiaka dit Wattao des Forces nouvelles.
A en croire Okrou Jérémie, secrétaire général de la “Sorbonne nationale” sise au Plateau, le bilan des activités des parlements et agoras est largement positif. Car d’une manière générale, la résistance dans ces lieux a développé chez l’Ivoirien, l’amour de son pays. Cette prise de conscience doit être le pilier central de la vraie indépendance pour la Côte d’Ivoire. “Nous avons contribué à instaurer dans les esprits des Ivoiriens la conscience de l’opinion publique nationale”, confie-t-il. “Il est vrai que la crise était armée mais n’oublions pas la dimension communication. C’est à ce niveau que ces espaces ont pleinement joué leur rôle. Au départ, à travers les médias internationaux, il y avait la désinformation et la diffamation de la Côte d’Ivoire. Nous avons rétabli la vérité par les enseignements que nous dispensions”, ajoute un membre du bureau du congrès d’Abobo. Les autres acquis de cette lutte concernent la formation des participants. “Nous avons les capacités de décortiquer les messages de tous les leaders politiques. Ce sont des cours de science politique que nous donnons. Cela nous permet de mieux cerner aujourd’hui l’actualité aussi bien nationale qu’internationale. Les médias internationaux ne peuvent plus divulguer de fausses informations sur la Côte d’Ivoire. En définitive, nous avons ouvert les yeux aux Ivoiriens”, ajoute Zogbo Guédé du parlement de Yopougon.
Par ailleurs, certains animateurs ont passé avec succès les concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena), à l’Ecole de Police, à la Gendarmerie nationale. D’autres travaillent actuellement au port d’Abidjan et dans bien d’autres secteurs d’activité.
Au regard de ces acquis, les responsables des agoras et parlements sont pour le maintien de leurs activités dans ces espaces après la crise. “On peut faire de la ‘Sorbonne’ un lieu de pèlerinage, un lieu de savoirs et de connaissances, un espace de débats contradictoires par excellence à l’image de l’agora dans la Grèce antique”, propose Okrou Jérémie de la Sorbonne nationale.
“La Sorbonne est le 1er espace de libre expression qui existait avant l’avènement de Gbagbo au pouvoir. Qu’il soit réélu ou non, on ne doit pas freiner nos activités. Au contraire nous gagnerons à institutionnaliser cet espace”, préconise Nadaud Clément.

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