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lundi 23 février 2009

Affaire Jean-Paul Ney

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on a connu la France officielle plus indignée face à l'incarcération d'un de ses ressortissants dans un pays du Sud, surtout quand il est journaliste. Cela fait 9 mois que Jean-Paul Ney, journaliste et photographe free-lance, est aux mains des "services" ivoiriens, et l'on constate avec étonnement que la France diplomatique et médiatique a choisi de s'astreindre au "service minimum". On condamne certes, mais le plus discrètement possible, avec le moins de grandiloquence possible. Pourquoi cette attitude particulière ? Qui est Jean-Paul Ney ? Les quotidiens ivoirien Nord-Sud (proche du Premier ministre et des Forces nouvelles) et Notre Voie (proche du FPI, parti présidentiel) en sont convaincus : ce Français né le 4 mai 1976 à Prades, dans les Pyrénées orientales est un "espion". Vrai ou faux ?


Pour se faire sa propre opinion, il suffit de fouiller un peu sur le net. Car Jean-Paul Ney, internaute hyperactif, a une visibilité qui pourrait faire pâlir bien des entreprises commerciales. Il a un site Internet à sa gloire, où figure sa biographie en anglais - son CV en français étant accessible sur sa page Ziki.
Que dit Jean-Paul Ney de lui-même ? Il se présente comme journaliste, et affiche de solides références.


Grand reporter et chercheur en matière de sécurité internationale. Vice-président de la Commission des journalistes de la défense, de la sécurité intérieure et des correspondants de guerre. Spécialiste de la communication de crise et de l'infoguerre.

Consultant pour les médias français et étrangers : LCI, Le Figaro, BBC, Al Jazeera, Newsweek.

J'ai mis mes compétences au service de plusieurs grands groupes, de parlementaires et d'institutions (Mindef et MIAT). Je rédige régulièrement des rapports de situation en me rendant sur place, ma force c'est mon réseau.

J 'ai travaillé sur la communication d'un candidat à l'élection présidentielle (réinformation & contre-information).


Carrière journalistique :

Sipa Press (photoreporter)

Canal Plus / I-télé (reporter et réalisateur en charge des dossiers défense/sécurité)

France Soir (grand reporter, envoyé spécial USA et Moyen-Orient)

Paris Match & le Figaro Magazine (grand reporter)

Association des Journalistes de la Défense, école militaire (responsable des systèmes d'information)

Mission Spéciale Productions (grand reporter)

Gamma (grand reporter).


Il était en Côte d'Ivoire, dit-il, pour l'agence Gamma - qui confirme mollement. Mais Jean-Paul Ney se dit aussi "chercheur" et déclare être directeur de la division Intelink, du groupe Digital Network, fondé par Christophe Casalegno, un proche d'Yves Bonnet, ancien patron de la DST, très visible sur le net lui aussi, à travers son blog ouvertement favorable à Nicolas Sarkozy, où il se présente volontiers comme un "hacker" et sur lequel figure son CV et sa photo. Ses liens avec Jean-Paul Ney et Intelink y sont explicites.

Justement, sur le site de la fameuse division Intelink du groupe Digital Network (qui se présente clairement comme un appendice des services français), l'on lit deux articles fort curieux d'un certain Jean-Philippe Caron. Le premier, daté du 20 décembre 2007, évoque un retour imminent de IB, un coup d'Etat inéluctable et une prétendue note de la DGSE dithyrambique envers un IB ultra-favori (ne riez pas !) en cas d'élection présidentielle. Le second, daté du 22 décembre, se réjouit du renversement inéluctable de Laurent Gbagbo tout en s'indignant de l'efficacité grandissante du système d'écoutes téléphoniques en Côte d'Ivoire, réalisé avec l'aide des Israëliens. Cinq jours après la parution de cette brillante analyse, Jean-Paul Ney était arrêté alors qu'il faisait des prises de vue devant la RTI.

Jean-Paul Ney et les autres pions de son réseau sont-ils des zozos déséquilibrés ? De nombreux internautes ne sont pas loin de le penser, et vilipendent ses manières d'insulteur public sur le Net qui lui ont valu des procès. Ceci dit, il a de l'entregent au sein de l'establishment, et il sera difficile de nous faire le coup du "doux dingue". Selon sa page Ziki, il est auteur et/ou coauteur de publications préfacées par Yves Bonnet, ancien patron de la DST et Nicolas Sarkozy himself. Vous avez dit bizarre, comme c'est bizarre... Jean-Paul Ney est-il un "fou des services" qui a reçu un vague feu orange de la part de l'Etat français, une barbouze officielle ou un simple mercenaire à la solde d'intérêts ivoiriens ? Les prochains jours nous le diront.

Il reste que Ney n'est pas le premier jeune Français, mi-journaliste mi-agent, qui "grouille" dans l'entourage de IB. Un certain Vincent Rigoulet, qui a écrit pour Le Monde depuis Ouagadougou, a longtemps été un des conseillers les plus visibles de IB, et a même réussi à publier, en son nom, une tribune libre dans Le Monde - ce qui est assez piquant quand on sait que le pauvre sergent peine à écrire une phrase correcte en français.
Un jour, il sera temps d'enquêter sérieusement sur les liens étranges entre IB, Soro et les réseaux des services secrets français, qu'ils soient en symbiose ou en concurrence.

Par Kouamouo Théo

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